Un congrès sous haute tension, mais pas uniquement à cause de la situation sanitaire générale. L’Ugtt est depuis un moment profondément secouée par des dissensions internes, reconnues d’ailleurs par Sami Tahri, porte-parole de la centrale syndicale, et portées par ceux qu’il appelle « les mécontents».
Sur fond de confinement général décrété à partir du 4 juillet, dans le gouvernorat de Sousse, très impacté par l’épidémie, avec un taux d’incidence de plus de 474 cas sur 100 mille habitants, l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) maintient malgré tout la tenue de son congrès extraordinaire, les 8 et 9 juillet.
Un congrès dont la date et le lieu avaient été fixés bien avant la flambée du Covid sur l’ensemble de la Tunisie, et qui obéira, selon le porte-parole de l’Ugtt, joint par La Presse, à des mesures sanitaires drastiques. « Nous n’allons pas annuler, lance Sami Tahri, d’emblée. Nous avons obtenu toutes les autorisations bien avant l’annonce du confinement de Sousse. Mais la vigilance est de mise». Selon le protocole sanitaire mis en place, les congressistes seront dans l’interdiction de quitter l’établissement pendant la durée des travaux. Rassurant, le secrétaire général adjoint affirme que l’hôtel, siège du congrès, situé en dehors de la ville côtière, sera totalement isolé. De plus, 40% des congressistes auraient reçu les deux doses de vaccin. Les autres devront présenter un test PCR récent et négatif ou subir un test rapide sur place.
Le président du congrès sera élu sur place
Une équipe médicale, composée de 7 médecins et 10 infirmiers, a carte blanche pour filtrer les entrées et refouler toute personne présentant un quelconque symptôme, ou refusant de porter le masque. La distanciation physique sera rigoureusement observée à l’intérieur de la salle. Au terme de l’événement, les participants devront subir un deuxième test rapide, selon M. Tahri, « pour éviter que l’on transporte le virus dans son environnement en cas de contamination. »
C’est un congrès extraordinaire non électoral mais décisif que s’apprête à organiser l’Ugtt, dédié davantage à la gestion interne. Les points inscrits à l’ordre du jour incluent la planification des politiques futures, la révision de la loi fondamentale et l’élaboration d’une stratégie de modernisation et numérisation de l’administration. Des thématiques qui portent sur le fonctionnement de la maison et qui requièrent de la concentration, de l’efficacité et une certaine sérénité. Des conditions difficiles à réunir, si le congrès devait subir une forte pression, s’il était électoral.
C’est pourquoi et à compter du 10 juillet, la date d’un prochain congrès électoral devra être fixée dans un délai de 6 mois minimum, voire « 7 à 8 mois, ou plus, en cas d’empêchement majeur », tient à nuancer le secrétaire général adjoint.
L’Ugtt, cet allié qu’on aimerait avoir
Près de 600 congressistes représentant les secteurs d’activités et les régions sont attendus. Voire moins, certaines sections ne répondant pas aux normes seront absentes. Le nombre des participants oscille donc pour l’heure entre 580 à 620. Ce sont eux, et à l’issue de la séance inaugurale présidée par le secrétaire général, Nourredine Taboubi, qui éliront le président du Congrès.
Parallèlement aux thématiques validées par la commission administrative en charge de la préparation du congrès, les politiques de l’Ugtt sur le plan national, son initiative portant sur le dialogue national et la situation économique et sociale du pays, sont autant de questions qui seront débattues durant cette grand-messe, attendue par les syndicalistes eux-mêmes et par les acteurs politiques.
Un congrès sous haute tension, mais pas uniquement à cause de la situation sanitaire générale. L’Ugtt est depuis un moment profondément secouée par des dissensions internes, reconnues d’ailleurs par notre interlocuteur, et, portées par ceux qu’il appelle «les mécontents». M. Tahri a émis l’espoir que le congrès se mue en un espace de débat et d’échange. Les dirigeants actuels de la Centrale ont également dû faire face aux attaques récurrentes des ambitions internes contrariées et de celles des détracteurs externes très virulents à leur encontre.
Toutefois et malgré tout, l’Ugtt reste cet allié qu’on aimerait avoir à ses côtés, en cas de conflit avec les adversaires. Et les conflits entre les institutions politiques ne sont pas en manque. La centrale syndicale était et reste encore une pièce maîtresse du paysage politique. Il lui faut cependant se moderniser, se soustraire aux luttes d’influence, assainir sa gestion interne et ne plus se limiter aux manœuvres tactiques pour maintenir son pouvoir.